En avançant dans cette vie, j’ai lâché ta main. « Grandis ! » ,m’a-t-on dit. « Arrête de faire l’enfant ! »
Ou peut-être me le suis-je dit toute seule, poussée par la folie du monde.
Celle que l’on nous vend comme banale, normale.
Pourtant, j’avoue ne pas le comprendre, ce drôle de monde.
Devais-je plutôt dire cet étrange monde ?
Car en vérité, souvent, il ne me fait pas rire.
En lâchant ta main, j’ai lâché mon innocence, mon espièglerie, ma spontanéité.
J’ai étouffé ma joie de vivre au profit de projets plus « sérieux ».
Je t’ai rabrouée, toi qui détient la part rêveuse de mon Être.
Je t’ai muselée, pour ne plus entendre ce que je croyais être de la naïveté.
J’ai tu ta créativité, légère et joyeuse. Cette insouciance et cette vulnérabilité que l’on confond trop souvent avec de la faiblesse.
Pourtant, il en faut de la force pour oser rester en lien avec son âme d’enfant, et peut-être plus encore dans un monde qui semble partir à vau l’eau.
Il en faut du courage pour continuer d’oser rêver et s’émerveiller des petites choses simples de la vie. S’asseoir dans l’herbe pour regarder les sauterelles, les vers de terre, les coccinelles et les fourmis. Qui semblent d’ailleurs avoir disparu…
Qu’avons-nous fait de ce monde ?
Faut-il aujourd’hui de l’audace pour prendre le temps de regarder le soleil se coucher à l’horizon et s’émerveiller des couleurs chatoyantes qui se propagent dans le ciel l’espace d’un instant.
Faut-il du cran pour poser ses yeux sur les étoiles et accepter de se voir petit dans l’immensité de ce monde ?
Je crois en effet que cela demande du courage de délaisser un peu son orgueil au profil de son humilité.
Cela demande du courage d’accueillir l’autre comme un égal plutôt que de chercher à le dominer.
Ce sont nos peurs qui génèrent nos combats.
Cela demande du courage de tendre la main à ces parts blessées de notre être, afin de les libérer de ces peurs qui nous emprisonnent et nous limitent.
Cela demande du courage d’accueillir à nouveau ces parts de nous-même que nous avons délaissées un temps, croyant que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire pour continuer d’avancer dans ce monde perçu comme hostile.
Cela demande du courage d’oser toucher sa propre vulnérabilité.
Et paradoxalement, de s’apercevoir ensuite qu’accueillir notre vulnérabilité nous rend bien plus fort.
Ne confondons pas force et violence…
Bien sûr, toutes ces parts de nous-même réclament notre présence.
Comment se sentir complet en délaissant des parts de nous-même ?
Comment vivre en paix lorsque tant de conflits vivent en nous ?
En déambulant dans les allées du jardin du Poète ferrailleur, j’ai senti cette invitation à te tendre la main à nouveau.
Toi cette part un peu naïve, légère, joyeuse, curieuse, espiègle… Cette part qui laisse libre cours à l’imagination. Cette part qui crée sans raison, juste parce que c’est beau, juste parce que les yeux s’écarquillent face à l’émerveillement du monde, juste parce que ça réchauffe le cœur, le corps et l’âme. Parce que ça nous reconnecte à la joie, cette force de vie créatrice qui met en lien et unit.
Merci 





Partager l'article