L’immaturité émotionnelle de l’évitant dédaigneux sévère

L’immaturité émotionnelle de l’évitant dédaigneux sévère

L’évitant dédaigneux sévère donne souvent l’image d’une personne forte, autonome et peu affectée par les aléas émotionnels. Il se présente comme quelqu’un qui n’a besoin de personne, qui se suffit à lui-même et qui avance sans regarder en arrière. Pourtant, derrière cette apparente solidité se cache une immaturité émotionnelle profondément enracinée.

L’immaturité émotionnelle de l’évitant dédaigneux ne s’exprime pas par des débordements émotionnels, mais par une absence de disponibilité affective. Il ne sait pas habiter ses émotions, encore moins les partager. Très tôt, il a appris que ressentir était inutile ou dangereux. Alors il a appris à nier ce qui se passe en lui. Face aux émotions, l’évitant dédaigneux adopte une stratégie de contrôle. Il intellectualise, minimise ou ridiculise ce qui touche à la sensibilité. La vulnérabilité est perçue comme une faiblesse et les liens affectifs comme une menace. 

Sur le plan relationnel, cette immaturité se traduit par une incapacité à entrer dans une intimité réelle. L’autre est tenu à distance, parfois idéalisé, puis rapidement dévalorisé. Lorsque le lien devient plus profond, l’évitant se referme ou se retire. Il confond proximité et perte de liberté.

Le dédain joue ici un rôle central. Il permet de se sentir au-dessus, moins atteint, moins dépendant.
Critiquer l’autre, le juger trop sensible ou trop exigeant devient un moyen de préserver son territoire intérieur. Ce mécanisme masque une peur intense d’être envahi, abandonné ou rejeté.

L’évitant dédaigneux sévère peine également à reconnaître sa responsabilité émotionnelle. Il attribue les difficultés relationnelles au comportement de l’autre. Se remettre en question impliquerait de toucher à des zones qu’il a appris à verrouiller. Reconnaître sa part de responsabilité serait accepter l’idée de ne pas être parfait et donc vulnérable. L’évitant dédaigneux s’ancre alors dans un orgueil surdimensionné et le dialogue devient souvent impossible.

Cette immaturité émotionnelle n’est pas synonyme d’irresponsabilité globale. L’évitant peut être mature, compétent et fiable dans le travail ou les obligations sociales. Mais dès qu’il s’agit de ce qui touche aux émotions, son développement semble s’être arrêté. Il fonctionne avec des outils émotionnels anciens, inadaptés à une relation adulte. Certains de ses comportements peuvent ressembler à des comportements d’enfants dans la cours de récréation : « Mais euh ! Maîtresse, « elle » ne veut pas faire ce que je veux qu’elle fasse et ça m’embête ». Son développement émotionnel est resté figé à l’âge de 5 ans. Son besoin de contrôler pleinement ses émotions l’amène à vouloir contrôler également tous ceux qui pourraient malencontreusement y toucher, même malgré eux. C’est à dire tout ceux pour qui il ressent de l’affection ou qui le connaissent dans l’intimité (amis, partenaires amoureux, parents, enfants…). Pour se protéger de ce qu’il ressent comme un danger, il a appris à se couper de toute sensibilité. Il confond sensibilité et sensiblerie et il perçoit tout ce qui touche à l’intime et au profond comme une marque de vulnérabilité et donc de faiblesse. 

Au fond, l’évitant dédaigneux sévère n’est pas dénué de sensibilité. Il en est au contraire saturé, mais incapable de la contenir sans se fermer. Son immaturité émotionnelle est une immaturité de protection, figée dans le temps, à l’âge enfant. Elle témoigne d’un besoin profond de sécurité jamais pleinement rencontré. Maintenant adulte, son travail intérieur consiste à s’offrir lui-même la sécurité affective qui lui a tant manquée enfant. Mais sa peur de l’intimité l’empêche souvent d’accomplir ce travail intérieur. Pourtant, sans cans cela, il est voué à répéter encore et encore ses mécanismes de fuite, son dédain émotionnel et sa violence psychologique. 

En carence affective, il transmettra lui-même cette carence affective à sa lignée car on ne peut donner que ce que l’on a. C’est un parent nourricier, qui remplira tous les besoins matériels de ses enfants mais qui minimisera leurs besoins affectifs. Il comblera d’ailleurs son manque affectif par du matériel…  

Grandir émotionnellement supposerait pour lui de renoncer à l’illusion de l’autosuffisance. Cela impliquerait d’accepter l’interdépendance, l’imperfection, la vulnérabilité et l’inconfort émotionnel. Ce chemin lui est possible, mais particulièrement exigeant. Car il demande de déposer les armes avant même d’être certain de ne pas être blessé.

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