Quand l’évitant dédaigneux devient parent

Quand l’évitant dédaigneux devient parent

Devenir parent vient souvent réveiller des zones intimes que l’on croyait maîtrisées. Pour l’évitant dédaigneux, cette expérience peut être à la fois structurante et déstabilisante. Car un enfant ne se satisfait pas de distance émotionnelle. Il appelle, il réclame, il dépend.

L’évitant dédaigneux a appris très tôt à ne compter que sur lui-même. Il a construit son équilibre sur l’autonomie, le contrôle et la retenue affective. La parentalité vient bousculer cette organisation intérieure.
Elle confronte à une relation asymétrique, intense et durable. Face aux besoins émotionnels de l’enfant, l’évitant peut se sentir démuni. Les pleurs, les demandes répétées, la dépendance peuvent susciter une forme de saturation intérieure. Non par manque d’amour, mais par manque de repères émotionnels. Il ne sait pas toujours comment répondre sans se fermer. 

Souvent, l’évitant dédaigneux privilégie les aspects fonctionnels de la parentalité. Il assure la sécurité matérielle, l’organisation, les règles. Il peut être présent, fiable, investi. Mais l’expression émotionnelle reste limitée. L’enfant peut alors ressentir une distance difficile à nommer. Il est protégé, mais pas toujours rejoint. Ses émotions sont parfois minimisées ou rationalisées. On lui apprend à se calmer, plus qu’à être accueilli. Le dédain, lorsqu’il apparaît, n’est pas forcément dirigé contre l’enfant. Il est souvent le signe d’une surcharge émotionnelle. Une manière maladroite de reprendre de l’espace. Mais pour l’enfant, ce retrait peut être vécu comme un rejet.

L’évitant dédaigneux parent peut avoir du mal à tolérer la dépendance affective. Il valorise très tôt l’autonomie. Il encourage l’enfant à se débrouiller seul, parfois trop tôt. Ce message implicite peut être confondu avec un manque de disponibilité.

Pourtant, l’évitant n’est pas insensible. La naissance d’un enfant peut réveiller des blessures anciennes. Elle peut faire émerger l’enfant qu’il a été, celui qui a appris à ne pas demander. Cette confrontation peut être douloureuse. Certains évitants deviennent plus rigides face à cette activation émotionnelle. D’autres, au contraire, entament un chemin de conscience. Ils réalisent que leur manière d’aimer est marquée par leur histoire et que celle-ci n’est pas figée. 

Grandir émotionnellement en tant que parent implique d’accepter l’inconfort. Rester présent même lorsque l’émotion déborde. Nommer ce qui est difficile plutôt que se retirer. Apprendre à réparer après les moments de fermeture.

Pour l’enfant, ce qui compte n’est pas la perfection. C’est la capacité du parent à revenir, à s’ajuster, à reconnaître. 

Quand l’évitant dédaigneux devient parent, il est confronté à un choix silencieux : reproduire une distance apprise, ou guérir sa propre structuration bancale. Ce choix n’est jamais simple. Mais il est possible. Car la parentalité, malgré ses défis, peut devenir un lieu de réparation, autant pour l’enfant que pour le parent.

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