Il pleut. Et je m’en réjouis.

J’avais prévu de partir ce matin après avoir visité la forêt du Huelgoat. Mais la météo m’a fait prendre mon temps. Pas envie de remballer sous cette pluie, ni même de pédaler. Je sais bien qu’il n’y a pas de hasard. J’écoute ce que la Vie m’invite à vivre. Je devais prendre le temps de ce moment d’introspection sans être happée par l’heure et les kilomètres qui défilent sous mes roues. La Vie m’a invitée à me poser tranquillement ici aujourd’hui.

Ici, je suis au creux du féminin. Je me faisais déjà cette réflexion hier, tandis que je quittais Crozon pour m’enfoncer dans les terres. Je quittais le bleu pour le vert. Les roches abruptes pour la forêt enveloppante. Au fil des kilomètres, la végétation se faisait plus fertile. Je pénétrais dans la forêt, luxuriante, humide.

Alors c’est sous une légère pluie que j’ai entamé ma balade ce matin. La Mare aux Fées, le Gouffre, la Roche Tremblante, le Champignon, la Grotte du Diable…

La Grotte du Diable… je descends la petite échelle et pénètre au cœur des pierres. Des pierres immenses. Toutes enchevêtrées les unes avec les autres. Elles forment une grotte. Il fait noir. J’allume ma lampe. L’eau du cours d’eau qui s’écrase sur les pierres crée un tumulte bruyant et propage de l’humidité dans la cavité. La Grotte du Diable. Quelle idée d’avoir appelé ce lieu ainsi. Loin de me sentir en enfer, ici, je me sens au creux de la matrice. Dans l’antre du féminin. Cette grotte est un hymne au féminin. C’est fou, comme depuis si longtemps certaines religions ont relayé le féminin au rang de diable. Celle qui soumet l’homme à la tentation. Celle qui croque le fruit défendu. La pécheresse. La sorcière. Celle qu’il faut brûler vive pour renvoyer en enfer.

La Grotte du Diable. Ici pourtant, dans cet endroit sombre, humide, dans les profondeur de la terre, dans cette forêt fertile, luxuriante, abondante, douce, enveloppante, je suis dans un réceptacle, un calice.

En levant les yeux vers le ciel, je vois la Lumière, un passage. Il a la forme d’un utérus. Étrange… je remonte les escaliers. Je pénètre dans la Lumière. C’est une renaissance. Quelque chose a eu lieu pour moi ici, c’est une évidence. J’ai reconnecté mon féminin, au coeur de la matrice de la terre.

J’accueille la force de ce féminin tout autant que sa douceur.

Bien sûr, la force n’est pas l’apanage du masculin. Mais la force du féminin est différente. Oui, elle est plus douce. Plus souple. Plus flexible. Mais forte tout de même. Une force tranquille. Une force paisible. Une force qui s’allie au temps. Dans la durée. Dans la connaissance des cycles.

Lorsque je pose mon pied sur la dernière marche de la petite échelle, les cloches de l’église se mettent à retentir. Étrange à nouveau. Il s’est passé quelque chose dans cet instant. Oui, c’est évident. Pour moi, je crois qu’une boucle est bouclée…

Morgane Le Moelle 🌸