L’évitant dédaigneux sévère se croit expert dans la gestion de ses émotions alors qu’il en est en réalité coupé. Il n’est donc en rien expert mais il est défaillant. Il les nie, les refoule, car il ne sait justement pas les gérer. Les émotions sont pour lui un danger dont il faut s’éloigner. Alors, il fait diversion pour ne pas ressentir. C’est pour cela qu’il a mis en place des mécanismes de fuite : cigarette, alcool, shopping, sexe, voyage… Une émotion trop intense, et hop ! il s’en va. Il fuit l’évènement ou la personne qui génère l’émotion car il ne sait pas quoi faire de cela. Il est mal à l’aise et se sent vulnérable. Et la vulnérabilité est juste quelque chose d’impossible pour lui à ressentir. Il se sent en danger. Comme un mollusque hors de sa coquille. Un chevalier sans armure. La fuite s’avère être pour lui un mécanisme de survie. Il a besoin de se sentir tout puissant et en contrôle de ses émotions.
L’évitant dédaigneux sévère est capable de comportements absolument monstrueux et abjectes, sans jamais se remettre en question. Il essaie de se convaincre et de convaincre les autres que son comportement est justifié et que sa victime a cherché et donc mérité sa violence. Ce qui est évidemment faux. Aucun individu quel qu’il soit ne mérite de recevoir un tel traitement.
L’intensité émotionnelle le mettant en danger, il préfère les relations et les conversations superficielles et non engageantes. Et, paradoxalement, plus il aime quelqu’un et plus il fuira et pourra être violent. Pour éloigner la source de son inconfort, c’est-à-dire, la personne pour qui il ressent des sentiments. L’évitant dédaigneux sévère est incapable de s’engager. Car l’engagement le fait se sentir prisonnier. Il étouffe, il suffoque et préfère prendre la fuite pour retrouver son souffle, en préférant rendre l’autre responsable de son inconfort en se trouvant mille excuse pour venir valider que la relation n’est pas possible, plutôt que d’admettre que sa sensation d’oppression est liée à un traumatisme qu’il lui faudrait transmuter pour pouvoir entretenir dans le futur des relations saines. Non, lui est fort, pense-t-il et par conséquent, il a tout guéri en lui et ne peut pas porter encore de tels dysfonctionnements. Ca vient forcément de l’autre, qui, avec toutes ses émotions, apparaît comme faible, à ses yeux. Il pourra cependant s’investir de temps à autre dans d’autres relations, le plus souvent non engageantes, avec des personnes pour qui il ne se sent pas trop lié émotionnellement. Bref, des personnes qu’il n’aime pas trop. Ainsi, quand la relation prendra fin, il pourra continuer son chemin sans être trop affecté. Ce qu’il ne pourrait pas faire avec quelqu’un qu’il aime profondément tant il se sentirait dévasté. Il préfère donc ne même pas prendre le risque de voir un tel évènement se produire et préfère quitter plutôt que de prendre le risque d’être quitté un jour. Sa blessure du rejet est bien trop à vif pour prendre un tel risque…
Il peut prôner la bienveillance et l’importance d’une communication non violente tout en usant de violence et de non-communication. Il est totalement incongruent et ne s’en offusque même pas. Il est surtout expert en manipulation psychologique et se cachera si souvent derrière un soit-disant respect de soi, n’ayant absolument aucune considération pour le respect de l’autre. Il réussira à semer la confusion dans l’esprit de sa proie. Il retournera la responsabilité de ses actes pour amener sa proie à douter d’elle. Il pourra même, tel un pervers narcissique, utiliser ce qui a permis à sa proie de survivre et se relever, pour continuer de tenter de la rabaisser, de l’humilier, de la diffamer. Il pourra se montrer orgueilleux, dans la pire version de ce dont un individu est capable. Lorsqu’il se sent acculé dans ses propres comportements dysfonctionnels et que sa structure interne vacille, prête à s’effondrer, il peut devenir particulièrement violent, manifestant, tout comme le pervers, une rage narcissique absolument monstrueuse. En ce sens, l’évitant dédaigneux sévère peut être comparé à la figure de Dr Jeckill et Mister Hide et sa victime ne sait plus quoi dire ni quoi faire pour ne pas réveiller ses comportements toxiques. Car même si ceux-ci sont un mode de protection pour ne pas réveiller ses blessures d’enfant, ils n’en demeurent pas moins toxiques. Mais l’évitant dédaigneux sévère, qui fuit toute introspection profonde, ne peut pas voir la toxicité et la violence qu’il fait vivre à l’autre. Il est dans le déni de sa toxicité et dans l’orgueil de sa toute puissance. Vient pourtant un moment où l’ignominie de ses comportements devient impardonnable. L’évitant dédaigneux sévère peut être toxique, malsain, nocif, délétère, pernicieux, ressemblant de très près à un pervers narcissique. La seule distinction vient du fait que le PN jouit de la souffrance de l’autre, là où l’évitant, seul face à lui-même, peut manifester un brin de honte et de culpabilité, sans pour autant que cela l’amène à s’excuser ou reconnaître ses dysfonctionnements. Une telle action serait déjà un pas monumental pour lui. Pas sûr pour autant, après tout ce qu’il a fait vivre à sa victime que celle-ci ait encore envie de le voir… Et c’est certainement aussi une des raisons pour lesquelles il ne s’excusera pas (ou pas de sitôt) : car il a bien trop peur d’être rejeté. Une autre distinction entre le PN et l’évitant dédaigneux sévère est que le PN ne changera jamais, il restera PN jusqu’à sa mort, tandis que l’évitant dédaigneux sévère, s’il se décide enfin à entamer un long (et profond) travail introspectif, peut espérer guérir de son syndrome et de sa toxicité.
