Voici le menhir de Ranion. Je l’ai cherché un peu. Aucun panneau ne l’indique. J’avais pour seule info une localisation gps. Si le début de chemin est accessible à vélo, j’arrive rapidement sur un tout petit sentier forestier. Au bout de quelques centaines de mètres, j’entends soudain mon gps : » Vous êtes arrivée « . Ah bon ?! me dis-je. Je ne le vois pas. J’ai bien vu trois pierres couchées le long du chemin, à l’instant, et j’en déduis que je dois être proche. Ces pierres étaient sans doute elles aussi debout en d’autres temps. Mon gps semble me dire que je suis allée trop loin. Je continue malgré tout encore un peu, déterminée à le trouver. Les quelques photos que j’ai vues sur internet m’ont vraiment donné envie de lui rendre visite et je ne peux pas me dire que j’ai fait tous ces kilomètres pour rien ! J’avance encore un peu, et soudain… !!
Il apparaît, juste là sur ma gauche, entre quelques arbres. Il est si grand, si robuste, si paisible, si fort !
Situé ici, au milieu de la forêt, il paraît bien seul. Se lasse-t-il de cette solitude ou au contraire, se réjouit-il de cette tranquillité à l’écart des badauds ? A quoi pouvait/peut bien servir cette pierre ? Quelle était l’intention de celui-celle.s- ceux qui l’ont placée là ? Une chose est sûre, sa base est bien ancrée dans la terre, et il s’érige, droit, stable, vers le ciel. Il est en harmonie avec cette nature qui l’entoure.
Je reste là un long moment, seule, silencieuse. Je le regarde. J’écoute la forêt. Le temps prend une autre dimension ici. Mes yeux sur le menhir je vois le temps défiler et les saisons se succéder les unes après les autres dans cette forêt. Les arbres changent de couleur, perdent leurs feuilles, la brume et la pluie se succèdent, le sol se blanchit parfois, les animaux se font plus discrets, puis revient le printemps, les bourgeons et le chant des oiseaux. La nuit succède au jour, et le jour à la nuit. Et simultanément, je vois la course des étoiles dans le ciel qui évolue au fil du temps. Lui reste là, immuable. Je vois le temps et l’absence de temps à la fois.
Je me dis que si j’étais venue quelques années en arrière, peut-être ne l’aurais-je pas trouvé, ou simplement, je n’en aurais pas eu connaissance. On passe parfois des années à côté de quelque chose sans même le savoir et soudain, on le découvre. L’information apparaît dans notre champ de conscience. On ne voit que ce que l’on est prêt à voir. On perçoit ce qui vibre à la même fréquence que nous. Et puis, une sensation s’impose en moi : je perçois cette pierre comme une antenne interstellaire qui émet et reçoit des informations du cosmos. Je me rappelle ce film que j’avais vu au cinéma en 1995, et que j’avais beaucoup aimé : « Stargate, la porte des étoiles. » Je me sens face à une porte des étoiles.
Morgane Le Moelle 🌸
