« Il fait beaucoup pour le monde celui qui panse ses plaies et pacifie son histoire. » Chistiane Singer

Cette phrase est un leitmotiv pour moi. Chaque expérience, chaque rencontre, peut se révéler être l’opportunité d’une observation intérieure à travers ce qu’elle réveille en nous. Lorsque ce qui est réveillé est désagréable, la tentation pourrait être de fuir et de repousser l’autre, puisqu’une part de nous aurait envie de reconnaître l’autre comme responsable de ce qui se réveille en nous. En le repoussant ou en le fuyant, l’objectif est de retrouver sa paix. Mais force est de constater que la personne ou l’événement a bien révélé quelque chose en nous, quelque chose de nous. Fuir ou tenter de faire l’autruche vis à vis de ce qui s’est révélé, n’est finalement que repousser le moment de la guérison de cette blessure réactivée. Tant que cette réactivité n’est pas prise au sérieux, elle se répétera à nouveau, à un autre moment, avec la même personne ou avec une autre. Car toutes nos expériences et nos rencontres ne sont que des prétextes et des opportunités de croissance, afin que nous puissions évoluer et tendre vers une version augmentée et améliorée de nous même. Mais une part de nous ressent l’inconfort que génère ce travail d’observation, d’accueil et de guérison intérieure. Car ce chemin de libération demande à passer par des zones d’inconfort. En effet, la remise en question de nos propres fonctionnements n’est pas des plus agréable. Notre ego aurait envie de croire que nous allons très bien et que la « faute » ne vient pas de nous. Que c’est l’autre qui n’est pas assez bien, pas assez aligné, pas assez équilibré, pas assez bienveillant. Évidemment ça arrangerait bien cette part de nous de pouvoir affirmer avec force que le problème vient de l’autre, en omettant de prendre le temps d’observer ce que la situation a réveillé chez nous. Et pourtant… Personne d’autre que nous n’est responsable aujourd’hui des émotions qui se réveillent en nous vis à vis d’un événement. Chacun de nous est responsable des émotions qui l’habitent. Et si ces émotions sont désagréables, il nous appartient d’aller prendre soin de ces parts de nous en réaction. Afin de vivre plus harmonieusement ce qui se passe dans le présent, tout autant que ce qui pourrait se passer dans le futur mais aussi ce qui s’est passé dans le passé. Ainsi, libéré de cette émotion, notre bien-être peut trouver plus de place en notre cœur. Et donc, dans notre corps et notre tête également. Et ainsi, nous ne projetterons plus nos émotions sur quelqu’un d’autre si une situation similaire était amenée à se reproduire.

Oui, il fait beaucoup pour le monde celui qui panse ses plaies et pacifie son histoire. Mais est-il vraiment nécessaire d’attendre que quelqu’un ou quelque chose vienne réveiller nos blessures ? Parfois, nous prenons conscience de ce que nous portons grâce à une sollicitation extérieure mais souvent nous avons déjà connaissance de nos blessures et nous faisons tout par nous même pour faire en sorte de les planquer parce que nous savons que cela est encore difficile. Souvent, nous préférons fuir plutôt que de faire face. Il est peut-être temps d’aller enfin voir ça, afin de s’en libérer. Oui, guérir ce que nous portons, c’est retrouver la liberté d’agir en conscience plutôt que d’être sous le joug de nos propres réactions émotionnelles. Et au-delà de nous-même, cette libération est bénéfique aussi pour le monde.

Pour ma part, je fais le choix conscient de faire en sorte de ne plus polluer le monde de mes émotions lourdes et des dysfonctionnements qui accompagnent nos blessures cachées. Et plus nous serons nombreux à le faire et mieux le monde se portera. Je sais bien qu’il s’agit là du travail d’une vie. Mais ne pas le faire, c’est encore croire que notre bien-être dépend de la manière dont les autres se comporteront envers nous. Non, notre bien-être dépend de la manière dont nous sommes en mesure d’accueillir nos propres émotions. Reprendre cette responsabilité est un immense pas vers la paix et la liberté.

Oui, il fait beaucoup pour le monde celui qui panse ses plaies et pacifie son histoire.

Prenez soin de vous les amis